L’anesthésie désigne à la fois une technique et une spécialité médicale, dite « anesthésie-réanimation », exercée par des médecins anesthésistes-réanimateurs (MAR). Mais on laisse en général tomber le réanimateur pour ne retenir que l’anesthésiste, qui est secondé, au bloc opératoire, par un infirmier spécialisé, l’IADE (Infirmier-anesthésiste diplômé d’état).
La discipline d’anesthésie-réanimation est considérée, du point de vue assurantiel, comme une spécialité à risques.
Etymologiquement, anesthésie signifie « perte des sensations ». Parmi celles-ci, celle dont on recherche toujours la disparition temporaire est la sensation douloureuse. C’est pourquoi il serait plus judicieux de parler d’analgésie (disparition de la douleur) que d’anesthésie, notamment pour l’anesthésie locale, qui laisse persister toutes les autres sensations. Cette disparition temporaire de la douleur, le temps d’effectuer l’acte douloureux, s’effectue grâce à des produits anesthésiants, que l’on appelle également « anesthésiques ». Ces produits servent à anesthésier les patients.
Anesthésique est donc à la fois un adjectif (une technique anesthésique) et un substantif : un anesthésique (pour « un produit anesthésique »).
Sans entrer dans des détails techniques ardus, il existe trois grandes modalités d’anesthésie : l’anesthésie générale (que les patients appellent volontiers « anesthésie totale »), l’anesthésie locorégionale (terme habituellement inconnu des patients) et l’anesthésie locale.
L’anesthésie locale n’insensibilise (« n’endort ») que la zone sur laquelle on intervient (par exemple une petite zone de la peau pour enlever une lésion cutanée ou suturer une plaie).
On utilise deux modalités d’anesthésie locorégionale : les « blocs nerveux », qui insensibilisent le territoire du nerf bloqué, et l’anesthésie rachidienne (« par piqure dans le dos »), dont il existe deux modalités : la rachianesthésie et l’anesthésie péridurale. Les patients ne connaissent en général que la seconde modalité, qui est utilisée en obstétrique (« l’accouchement sans douleur ») et en analgésie postopératoire. La technique utilisée pour réaliser un acte opératoire (prothèse de hanche ou de genou par exemple) est en fait la rachianesthésie.
Quant à l’anesthésie générale, elle associe l’analgésie à la perte de conscience (le sommeil artificiel) et à une amnésie complète de l’épisode. Pour arriver à ce résultat, l’anesthésiste utilise des produits que l’on a coutume d’appeler des « drogues » anesthésiques, car certains d’entre eux sont des « stupéfiants » (on dit aussi des « toxiques »). Selon les cas, cette anesthésie générale peut être complétée par une « curarisation », qui relâche tous les muscles (ce qui aide le chirurgien), y compris le diaphragme (qui est un muscle à commande involontaire). La curarisation nécessite de relier le patient à un respirateur artificiel, par le biais d’une intubation trachéale.
L’anesthésiste dit couramment que son patient « dort », alors que le chirurgien, pas toujours de bonne foi, dit qu’il « se réveille » quand la curarisation n’est plus suffisamment efficace.
Quant à la spécialité d’anesthésiologie, discipline pratiquée par des médecins anesthésiologistes, elle englobe l’anesthésie et la réanimation, raison pour laquelle on parle également de médecin anesthésiste-réanimateur (MAR).
Une petite précision amusante : autrefois, on disait volontiers « donner l’anesthésie », alors même que cette technique n’a jamais été gratuite !